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« Majaless El Hammamet » reprennent vie

Le Festival international de Hammamet, renoue avec une tradition intellectuelle estivale établie dans les années 70 par Ezzeddine Madani, à savoir «Majaless El Hammamet », ces cercles de réflexion sur les questions de l’heure dans un cadre festif et déconcerté.

Jeudi 20 juillet, à l’espace « le marabout » sis au Centre Culturel international de Hammamet, s’est tenue la première rencontre avec pour thème « où va-t-on ?» avec un panel composé de Chokri Mabkhout de Tunisie, de Farid Zahi du Maroc, d’Amine Ezzaoui et de Rachid Boujedra d’Algérie. Modérée par Fethi Triki, cette première rencontre a vu la participation de plusieurs universitaires et chercheurs tunisiens.

Chafik Ghorbal, coordinateur du comité scientifique de Majaless El Hammamet, a indiqué que « le Festival International de Hammamet est un lieu et une opportunité pour engager une œuvre de réflexion à travers cette série de rencontres-débats comme une modeste pièce ajoutée à l’édifice de la réflexion sur des thèmes brulants dans le cadre joyeux de ce lieu enchanteur qu’est le Centre Culturel International de Hammamet pour penser l’avenir ».

Pour sa part, le modérateur de la première rencontre, le professeur Fethi Triki, qui a introduit les intervenants dans ce panel, a posé la question de l’identité et du devenir, comme axe de départ. Cédant la parole au penseur algérien Rachid Boujedra, ce dernier a soulevé plusieurs interrogations sur les troubles des sociétés maghrébines et arabes dans les tumultes des changements qui s’opèrent dans la région assurant qu’il n’y a pas encore de texte fondamentaux qui éclairent sur les mutations qui surviennent depuis plus de trente ans dans la région. L’intervention du professeur Farid Zahi, qui a abondé dans le même sillage, a focalisé sur la question de la conscience malheureuse de l’intellectuel arabe. « Il n’ ya pas de pureté dans la question de l’identité comme dans la question de la différence » a-t-il souligné mettant en exergue la substitution du rôle de l’intellectuel au profit des lobbies financiers et capitalistes tout en affirmant la « mort de l’intellectuel » qui marque notre époque. Le professeur Amine Zaoui, a pour sa part dressé les contours du trouble de l’identité « nomade » de nos peuples, affirmant à ce propos que « le croyant a remplacé le citoyen ». Selon Zaoui, c’est une relation chahutée où se perd la citoyenneté et commence l’illusion. « Nous sommes devenus orientaux depuis le fameux sermon de Tarek Ibn Zied et on a oublié St Augustin et les autres courants civilisationnels et culturels qui ont façonné nos sociétés de puis des siècles » a-t-il asséné. « On a oublié notre relation avec l’histoire, notre relation avec l’autre et nous avons réduit la place de la femme dans nos sociétés » a-t-il conclut. Chokri Mabkhout, qui ne partage pas cette vision, a indiqué que la révolution tunisienne a mis en exergue une mémoire tronquée chargée de tabous et d’interdits, qui ont refait surface avec la libération de l’individu du joug du colonialisme et de la dictature. Il a pointé du doigt la conception Bouguibienne basée sur la famille comme cellule de son projet moderniste et non pas l’individu, qui selon ses dires, est et doit être le socle du contrat social avec l’état.
Le débat a fait surgir d’autres pistes de réflexion, que les prochaines rencontres ne manqueront pas d’approfondir. Rendez-vous le 03 aout prochain.

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